Témoignage d’une expérience de modification de gestion de la douleur avec la sophrologie Type de document : Actes de congrès Auteur(s) : Perro, F. Congrès : Douleur provoquée par les soins - 16ᵉ journée de l'A-CNRD Date : 14/10/2021 Lieu : Espace Charenton, Paris Mots clés : sophrologie / témoignage / Journée de l'A-CNRD Témoignage d’une expérience de modification de gestion de la douleur avec la sophrologie
Félix PERRO Présentation
Je suis un ancien soignant et ancien cadre de direction des hôpitaux. C’est dans ce contexte que j’ai découvert la sophrologie. Cette rencontre importante est restée gravée en moi, à telle enseigne qu’ayant pratiqué et compris les bénéfices concrets de la sophrologie, j’ai décidé il y a 3 ans de me former au métier de sophrologue. Je suis actuellement en toute fin de formation à l’Institut de Sophrologie de Rennes.
Mon expérience Il y a un peu moins de 30 ans, alors que j’étais en responsabilité dans un hôpital normand, une infirmière-anesthésiste qui s’était retrouvée dans l’incapacité de continuer à travailler debout, du fait d’un handicap physique douloureux a eu recours à la sophrologie pour apprendre à gérer ses douleurs. Elle a pu reprendre une activité professionnelle sous une autre forme. En effet, elle m’a sollicité pour bénéficier d’une formation de sophrologue dans le cadre d’une reconversion et c’est ainsi que nous avons décidé, à l’époque de créer un poste de sophrologue en consultation préopératoire et en consultation douleur. J’ai constaté sur une longue période les résultats bénéfiques qu’elle obtenait avec les patients pris en charge.
Plus tard, le poids du stress augmentant proportionnellement aux périmètres de mes responsabilités, j’ai malheureusement développé plusieurs types de difficultés. Sont apparues, des douleurs digestives récurrentes, des douleurs articulaires chroniques et des vertiges qui me handicapaient terriblement au quotidien. Ces sont là de vraies douleurs physiques et surtout psychiques qui s’autoalimentent et qui m’ont conduit dans cette spirale négative bien connue. J’ai bien entendu eu recours aux traitements et prises en charge en médecine conventionnelle avec des succès et des fortunes diverses. Mais il m’a fallu accepter l’évidence suivante : tant que je n’avais pas pris conscience que j’avais en moi des ressources inestimables et insoupçonnées, (notamment mon propre corps), ressources que je ne mobilisais pas, je ne serais jamais complètement apaisé, soulagé, et d’une certaine manière en accord avec moi-même. Plusieurs sophrologues, Anne Sourice, Arnaud Hayaert m’ont aidé à faire ce chemin et je leur témoigne toute ma gratitude. La sophrologie procède d’abord et avant tout d’une prise de conscience. En commençant par pratiquer des techniques et exercices simples et courts, j’ai engagé une première démarche d’expérimentation du lien entre le mental et le sensible, entre le mental et le corps. J’ai appris, petit à petit, à accorder davantage d’attention au sensible. À chaque fois que l’on met plus d’attention sur le corps on change sa perception, son regard sur soi et de facto le ressenti de ses maux, de ses douleurs et in fine de ses propres fragilités. Je suis parvenu également, grâce à cet outil puissant à me libérer des freins qui m’empêchaient de réduire durablement les douleurs et les troubles évoqués précédemment. J’ai désormais la capacité de mettre de côté de vieux automatismes incapacitants qui rétrécissaient ma liberté d’action.
J’ai mal au genou, j’avale un anti-inflammatoire et je restreins encore un peu plus mon périmètre de marche.
J’ai des vertiges, je prends du Tanganil® et j’attends que ça passe, mais surtout je commence avant même la fin de la crise à appréhender la prochaine crise.
J’ai des acouphènes, je me désole, car il n’y pas de recette chimique contre ce trouble et je reste passif face à cette gêne douloureuse.
Les techniques de sophrologie qui passent entre autres par la respiration, la conscience du corps et des sensations, les visualisations également permettent de casser le cercle vicieux : douleurs / tensions / sentiments négatifs / calmants / oubli momentané de la douleur puis crainte de sa réapparition / réactions dépressives / stress / douleurs…
J’ai pleinement intégré ce que l’on nomme en sophrologie « le principe d’action positive ». Ce principe consiste tout simplement à être dans la conscience de ce que je réalise, qui est ressenti positivement et qui va engendrer une boucle positive, un effet boule de neige du positif. Cette sorte de répétition du positif va renforcer, consolider davantage d’harmonie, de congruence, de bienveillance à mon égard propre et vis-à-vis des autres. Une façon efficace en plus de secréter davantage d’ocytocine !!
Je conclurai en ajoutant que la pratique de la sophrologie m’a rendu plus libre. Libéré de ces carcans douloureux, car j’agis seul sur mon corps. Une condition tout de même à ce résultat : l’entraînement personnel régulier. La répétition est essentielle dans la pratique sophrologique. Elle aide à mieux se connaître et à augmenter la confiance en soi. Enfin je veux éviter tout malentendu et préciser qu’il ne s’agit pas de substituer complètement les traitements médicaux par la sophrologie, en cas de douleurs par exemple. Il me semble qu’il y a le temps du traitement classique (notamment en situation aigüe) et le temps de la « désescalade » avec la sophrologie qui accompagne, renforce les bénéfices et qui favorise la réappropriation du schéma corporel.
Notice n° 8968, créée le 15/09/2021, mise à jour le 11/04/2023 |