CNRD
Centre National Ressources Douleur
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Modélisation d'un protocole adapté à la douleur : regards croisés du thérapeute et du patient


Type de document : Actes de congrès
Auteur(s) : Hoenner, Christian
Congrès : Douleur provoquée par les soins - 15ᵉ journée de l'ACNRD
Date : 15/10/2020
Lieu : Espace Charenton, Paris

Mots clés : méditation de pleine conscience / douleur chronique / Journée de l'A-CNRD


Christian Hoenner, psychologue clinicien et ostéopathe, Caen (14)

1 - Ancrage théorique

Le terme méditation fait référence à une grande diversité de définitions (et de pratiques). Nous retenons celle-ci : un état de conscience initié par une présence attentive et ouverte, sans jugement, ni attente.

Cette attention peut être ''focalisée'', ou ''ouverte''.

  • L’attention focalisée consiste à maintenir son attention sur un objet choisi, par exemple la sensation de l’air qui passe au niveau des narines au cours de la respiration. Lorsqu’on constate que l’attention est partie ailleurs, on ramène l’attention à l’objet initial.

Compétences développées : meilleure '' concentration'', stabilité de l’attention et capacité à se désengager d’une distraction non souhaitée, comme des ruminations mentales liées à une douleur.

Progressivement, l’attention repose plus facilement, avec de moins en moins de pensées/émotions parasites, automatiques, réactionnelles.

  • L’attention ouverte, ou méditation sans objet, ou pleine conscience : on ne se concentre sur aucun objet particulier, mais sur ce qui arrive instant après instant, avec moins ''d’effort'', sans réactivité. On peut par exemple, au début, se limiter à étiqueter l’intensité d’une émotion, ''impatience'', ou juste ''douleur '', ce qui diminue la réactivité émotionnelle.

Cette capacité de se distancier de son expérience immédiate, ou décentration, ou conscience métacognitive, va permettre de ne pas nous identifier aux pensées, aux sensations, aux émotions, comme si ces expériences d’état interne étaient séparées de nous-mêmes. (''Il y a une douleur'', va remplacer ''j’ai mal''). L’enchaînement de pensées réactionnelles vers d’autres processus mentaux et/ou émotionnels est ainsi limité.

La plupart des études sur la pleine conscience sont basées sur le programme MBSR, Réduction du Stress Basée sur Mindfulness: 8 séances de 2h30 (dont une consacrée au yoga) avec 5 exercices de pleine conscience issus du bouddhisme.

Ce protocole, initialement nommé « Réduction du stress et Relaxation », date de 1979 (4 ans après la parution de « self-regulation of pain » de Melzack et Perry).

Depuis 1979, ont émergé :

  • La 3ème vague des thérapies cognitives, dite « émotionnelle », donc très axée sur la régulation des émotions, avec ses applications pour la douleur, « expérience sensorielle et émotionnelle désagréable… ».
  • Des études détaillant le fonctionnement psychologique en cours de méditation (par exemple la décentration, l’attention à l’attention, la non identification à l’expérience…) et ses répercussions physiologiques (par exemple sur le système végétatif ou sur la variabilité cardiaque).
  • La neuro-imagerie fonctionnelle, permettant de connaître la zone du cerveau activée selon le type de méditation, et les modifications structurelles à court et long termes.
  • De nombreuses recherches scientifiques multidirectionnelles axées sur les douleurs et les neurosciences contemplatives.

2 - Une modélisation de méditation appliquée aux douleurs chroniques

La prise en compte

- de ces recherches récentes

- des retours de pratique avec de nombreux patients souffrant de douleurs chroniques, nous ont conduits à élaborer et proposer des protocoles d’entraînement intensif à la méditation, destinés à réduire l’intensité des douleurs et des souffrances associées.

En voici les principales spécificités :

  • Un prérequis d’une pratique méditative du futur participant, permet de démarrer un entraînement affranchi des consignes permanentes d’une voix au cours de l’exercice. Si suivre un enregistrement est utile au début pour connaître le contenu de l’exercice, une progression rapide nécessite de s’en passer et cela afin d’acquérir une pratique active et autonome.

Des suggestions de lectures ou de pratiques de base peuvent être évoquées lors d’un entretien préalable destiné à déterminer les indications et d’éventuelles contre-indications.

  • Des exercices plus nombreux (MBSR en compte 5) pour prendre en compte les multiples dimensions des douleurs en termes d’intensité, de localisation, de fréquence, de rythme, de comorbidité, et de subjectivité. Plus ''personnalisés'', ces exercices peuvent s’originer ailleurs que dans le bouddhisme et sont davantage orientés vers une pratique d’attention ouverte, plus propice à la régulation des émotions et la stimulation du parasympathique.

  • Une ''acceptation'' et une exposition plus progressive aux sensations douloureuses (dès la 2ème séance pour MBSR), en particulier pour les douleurs neuropathiques.
  • Des exercices corporels individualisés issus de l’ostéopathie (VS un cours collectif de yoga pour la 4ème séance MBSR).

3 - Les limites et bénéfices attendus

Une pratique régulière et persévérante est requise avant d’en tirer les bénéfices désormais reconnus :

- les tempêtes émotionnelles et dépressives moins fréquentes et régulées,

- la mise à distance du ressenti douloureux plutôt que la lutte contre la douleur,

- la qualité de vie améliorée et l’impact fonctionnel diminué.

4 - Description de quelques exercices

(Voir la vidéo de l’intervention sur : cnrd.fr)


Notice n° 8788, créée le 03/06/2021, mise à jour le 17/09/2024