CNRD
Centre National Ressources Douleur
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La socio-esthétique : une autre dimension du soin


Témoignage d'une patiente : Martine Chanemougame


Type de document : Actes de congrès
Auteur(s) : Chanemougame, Martine
Congrès : Douleur provoquée par les soins - 15ème Journée de l'A-CNRD
Date : 15/10/2020
Lieu : Espace Charenton, Paris

Mots clés : socio-esthétique / témoignage / douleur du cancer / cancer du sein / Journée de l'A-CNRD



Témoignage d’une patiente ayant bénéficié de soins socio-esthétiques

« Je me présente comme patiente et en même temps comme retraitée de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (APHP) où j’ai exercé durant dix années en tant que cadre administrative de pôle.

Mais c’est la patiente qui s’exprime ici.

Suite à une suspicion de cancer du sein en avril 2019 donnant lieu à une succession d’examens (IRM, scanner, TEP, biopsie, mammographie, échographie mammaire), j’ai subi une mastectomie 3 mois après la première consultation de gynécologie sachant que les résultats d’une échographie et mammographie réalisées en mars 2019 étaient négatifs !

Alors que rien ne laissait présager que le cancer soit infiltré, les résultats de l’anatomo pathologie ont prouvé le contraire.

On m’a donc annoncé que si je souhaitais prolonger mon espérance de vie, je devais accepter une chimiothérapie d’un an.

Tout ceci pour dresser le tableau de la situation, des évènements successifs toujours plus défavorables et un moral à maintenir à niveau quand même.

Avant les premières séances de chimiothérapie et dans le cadre des soins de supports, l’infirmière de coordination du service d’oncologie m’a proposé différents types d’accompagnement : soutien psychologique, suivi diététique, ostéopathie, sophrologie, gymnastique, atelier bien-être et socio-esthétique.

Un peu éberluée et agréablement surprise par cette prise en charge assez inattendue, j’ai accepté toutes ces propositions pour certaines totalement inconnues ou plus exactement jamais pratiquées.

Quant à la socio-esthétique, cela évoquait pour moi des soins esthétiques pour malades et cela me paraissait presque paradoxal car secondaire dans mes préoccupations du moment.

Les soins esthétiques revêtaient selon ma vision un aspect assez superficiel mais pourquoi ne pas essayer d’autant plus que ce fut le premier soin de support possible.

Lors de la première séance, j’ai pu mesurer le bénéfice des soins prodigués et également découvrir un métier à part entière.

A la différence des esthéticiennes de ville qui s’appliquent à rendre leurs clientes plus jolies, ces esthéticiennes-là rendent les patientes moins laides ou plutôt les aident à accepter leur corps et à le soulager de ses meurtrissures.

J’ai surtout bénéficié de massages dans le cadre de ces soins de socio-esthétiques, je ne savais pas que je pouvais avoir ce genre de soins. J’ai choisi d’en recevoir lors de mes séances individuelles programmées ou lors des séances de chimiothérapies et cela m’a énormément aidée et réconfortée.

De la bienveillance, du réconfort, de l’empathie…Que des perceptions positives et quand on est malade, on est hélas beaucoup en mode négatif.

Ce qui est doublement positif, ce sont les soins prodigués et les soigneuses elles-mêmes car oui, les socio-esthéticiennes sont également des soigneuses, des soignantes au même titre que les infirmières. Ce sont souvent des personnes qui ont véritablement choisi ce métier et quelques fois en reconversion professionnelle, elles aiment leur métier donc les patients et cela transparait je dirai même « transpire » et fait énormément du bien.

Avec elles, je me suis sentie unique du moins, c’est ce que j’ai ressenti car je me trouvais dans une relation privilégiée et intime.

Je méritais d’être choyée et n’en revenais presque pas de bénéficier d’une attention positive car en effet la plupart des soins ou examens sont plutôt désagréables voir agressifs, comme les biopsies.

Oui, les socio-esthéticiennes sont à mon avis une nécessité dans les soins, incontournables à mon sens car elles contribuent à alléger la souffrance, la douleur physique et mentale en favorisant un profond bien-être, le corps martyrisé et le mental détérioré s’en trouvent apaisés.

Je salue cette profession souvent ignorée ou mal connue qui participe activement à la guérison des patients et je souhaite que tout hôpital qui accueille un service d’oncologie puisse disposer d’un poste de socio-esthéticienne ou esthéticien ».



Notice n° 8775, créée le 01/06/2021, mise à jour le 11/04/2023