CNRD
Centre National Ressources Douleur
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Utilisation du MEOPA chez la personne présentant un trouble du spectre autistique


Type de document : Actes de congrès
Auteur(s) : Ducreux, Emilie
Congrès : Douleur provoquée par les soins - 12ème journée de l'A-CNRD
Date : 12/10/2017
Lieu : Faculté de Médecine des Saint-Pères, Paris

Mots clés : MEOPA / autisme / patient dyscommunicant / santé mentale / Journée / CNRD


L’utilisation du MEOPA chez les personnes présentant des troubles du spectre autistique

DUCREUX Emilie1, DA SILVA Stéphanie1 et MERCIER Charlotte1

  1. Infirmières au Centre Régional Douleur et Soins Somatiques en Santé Mentale et Autisme à l’EPS BARTHELEMY DURAND à Etampes

Les troubles du spectre de l’autisme (TSA) sont des troubles envahissants du développement qui apparaissent précocement au cours de l’enfance et persiste à l’âge adulte. Ils se manifestentar des altérations dans la capacité à établir des interactions sociales et à communiquer, ainsi que des troubles du comportement. Les personnes souffrant d’autisme semblent souvent isolées dans une sorte de monde intérieur.

Le Centre Régional Douleur et Soins Somatiques en Santé Mentale et Autisme a été créé en 2013 pour permettre d’accueil de personnes dyscommunicantes souffrant de pathologies mentales, TSA, TED (trouble envahissant du développement), autres handicaps ou maladies génétiques rares. La plupart présentent des troubles du comportement – souvent auto ou hétéro-agressifs, rendant difficile l’accès aux soins somatiques de base. Dans ces populations, il est connu qu’une partie des troubles du comportement peuvent être d’origine somatique, particulièrement en lien avec des douleurs.

La consultation adaptée, d’une durée d’environ 1h30, permet la mesure des constantes, poids, taille, électrocardiogramme, examen médical complet et prélèvement sanguin, en vue d’évaluer la douleur et de diagnostiquer les pathologies somatiques en cause. La consultation peut-être une source de stress, d’anxiété ou d’angoisse pouvant accentuer la perception douloureuse. Dés lors ,ces états psychologiques négatifs peuvent être limités par diverses techniques d’apaisement, dont le MEOPA. Ce mélange équimolaire d’oxygène et de protoxyde d’azote, gaz incolore, inodore composé d’un mélange de 50% d’Oxygène et 50% de protoxyde d’azote, agit par inhalation. Il a des propriétés anxiolytiques et analgésiques de surface.

En pratique, le déroulement de la consultation passe par différentes étapes, successives ou concomitantes, en fonction de l’état clinique du patient. L’équipe s’adapte en permanence au patient et à son entourage, jamais l’inverse.

L’accueil du patient et des accompagnants, premier contact, essentiel et déterminant pour le bon déroulement des soins à venir, est progressif et modulable. L’espace est conçu de façon à ce que le patient puisse s’approprier les lieux et générer le moins d’angoisse possible. Il est important de souligner que les accompagnants (famille et/ou structure) ont un rôle majeur pendant la consultation, nous permettant de mieux comprendre et de rassurer le patient lors des soins. Différents moyens de « distraction » sont utilisés: musique, vidéo… pour que le patient rentre de lui-même dans la salle de consultation. Cependant, il est souvent nécessaire de l’y accompagner.

Le moment le plus délicat, est souvent, l’instant où le patient doit s’allonger pour réaliser l’électrocardiogramme, l’auscultation médicale et la prise de sang. Cependant, en fonction des circonstances, ces gestes peuvent tout de même s’effectuer mais dans de moins bonnes conditions, en position assise ou debout.

L’utilisation du MEOPA est une possibilité qui est évaluée en cours de consultation, selon l’état d’anxiété du patient. En fonction des situations, si l’anxiété ou l’agitation persistent ou se majorent malgré les autres techniques d’apaisement, il peut être utile d’administrer le MEOPA. Afin de permettre une administration en durée suffisante, il est parfois nécessaire de contenir manuellement ou avec un « papoose board » les membres le temps que le gaz agisse.

Lors de la consultation, le premier effet recherché du MEOPA est l’anxiolyse, permettant une détente du patient et un examen clinique dans de meilleures conditions. Dans un second temps, son effet antalgique est utile pour la prévention des douleurs induites lors de la réalisation du prélèvement sanguin, des extractions de bouchons de cérumen ou de réfections de pansement….

Cependant si le niveau de stress ou l’anxiété sont majeurs, l’effet du produit n’est pas significatif, voire induit chez certains un effet paradoxal avec majoration de l’agitation motrice

Son utilisation est spécifique chez les personnes dyscommunicantes car l’incapacité d’exprimer ce qu’ils ressentent pendant ou après l’administration du produit doit faire surveiller de près les potentiels effets secondaires.

Le plus redouté pendant la consultation est le risque de vomissement avec inhalation. Au moindre doute, l’administration du produit est interrompue, le masque retiré et le patient mis en position assise. Afin de limiter ce risque, il est demandé, dans la mesure du possible, que les patients soient à jeun 6 heures avant la consultation.

D’autres effets secondaires peuvent également survenir : somnolence, agitation, angoisse, crise d’épilepsie. Ces derniers nécessitant également l'arrêt du MEOPA avec une surveillance et une prise en charge spécifique.

En conclusion, le MEOPA, utilisé habituellement pour son effet antalgique rapide, est, dans cette population dyscommunicante, principalement administré pour son effet anxiolytique en vue de permettre l’examen et les soins dans les meilleures conditions possibles. Ce gaz reste un médicament dont le rapport bénéfice-risque est évalué au cas par cas et dont les effets secondaires sont toujours expliqués aux accompagnants. L’absence de communication verbale des personnes auxquelles il est administré n’est pas une contre-indication absolue à son utilisation mais nécessite pour l’équipe soignante une surveillance toute particulière pendant comme après son utilisation. L’équipe adapte ses attitudes et propositions de soins en fonction du patient et de son entourage. Avec ces populations, rien n’est prévisible et seule la vigilance et l’adaptation de l’entourage à tout instant permettent d’en prendre soin.

Références :

www.inserm.fr/thematiques/neurosciences-sciences-cognitives-neurologie-psychiatrie/dossiers-d-information/autisme [consulté le 15/05/2017]

www.pediadol.org/protocole-d-utilisation-du-meopa.htlm [consulté le 15/05/2017]



Notice n° 1696, créée le 31/10/2017, mise à jour le 11/04/2023