Intégration de l'hypnose en pratique libérale de kinésithérapie : une approhe biopsychosociale Type de document : Actes de congrès Auteur(s) : Chaumiel, Théo Congrès : Douleur provoquée par les soins - 12ème journée de l'A-CNRD Date : 12/10/2017 Lieu : Faculté de Médecine des Saint-Pères, Paris Mots clés : kinésithérapie / hypnose / mobilisation / méthode non pharmacologique / Journée / CNRD Intégration de l’hypnose en pratique libérale de kinésithérapie : une approche biopsychosociale Théo Chaumeil, kinésithérapeute libéral - Paris (75)
Au cours des 40 dernières années, les connaissances scientifiques concernant le fonctionnement de la douleur n’ont cessé d’évoluer et sont aujourd’hui soutenues par de solides recherches scientifiques et ce, notamment, grâce à l’avènement des neurosciences. En 1997, le médecin Georges Engel définit pour la première fois le modèle biopsychosocial (1) souhaitant ainsi remplacer le modèle biomédical. En effet, l’explication patho-anatomique de la douleur en était arrivée à ses limites, tout comme les relations de cause à effet unidirectionnelles et linéaires envisagées dans les déclenchements des maladies et des pathologies. Grâce à l’émergence de ce nouveau modèle de soin (où les facteurs biologiques gardent toute leur importance), on voit se développer un intérêt grandissant pour les facteurs psychosociaux (aussi appelés yellow flags par nos collègues anglo-saxons). Il est aujourd’hui démontré que l’anxiété du patient, le catastrophisme, les comportements non-adaptés, la kinésiophobie (peur du mouvement), les pensées dépressives, les événements traumatiques et l’hypervigilance sont autant de facteurs qui jouent un rôle important dans la chronicisation des douleurs (2). Certains de ces facteurs font d’ailleurs office de valeur pronostique dans certaines pathologies (comme les attentes négatives du patient dans le cadre de la douleur lombaire (3). Une prise en charge moderne de la douleur en pratique kinésithérapique se doit alors de réaliser une évaluation de ces risques psychosociaux et, quand cela est pertinent, de délivrer des interventions susceptibles de les diminuer (4) (sans pour autant se substituer au travail du psychologue). L’hypnose est un moyen thérapeutique sûr et efficace (5) qui répond à ce besoin et s’intègre de manière intéressante à la pratique libérale de la kinésithérapie. Son utilisation est double : l’hypnose peut être envisagée comme un outil communicationnel, visant à améliorer la communication avec le patient et ainsi renforcer l’alliance thérapeutique, ou encore comme un outil thérapeutique (en tant que tel) visant à diminuer le ressenti douloureux du patient, à diminuer les risques psychosociaux tout en augmentant l’autonomie grâce à la pratique de l’auto-hypnose. Afin d’illustrer ces concepts théoriques grâce à la pratique, voici trois cas cliniques d’utilisation de l’hypnose au cours d’une séance de kinésithérapie :
Ces différents exemples cliniques se basent sur le modèle de peur-évitement théorisé par le psychologue belge Vlaeyen (6). Ce dernier explique que la perception de la douleur est modulée (augmentée ou diminuée) par les facteurs psychosociaux, entraînant le patient dans un cercle vicieux qui l’empêche de se confronter à sa douleur et donc de récupérer. Travailler grâce à l’hypnose sur ces risques psychosociaux permet de faire avancer le patient et de lui proposer ensuite d’autres techniques de soin adaptées à ses besoins et à ses attentes (des exercices thérapeutiques, des mobilisations, de l’éducation thérapeutique à la douleur, etc.). Malgré ce que l’on pourrait penser, l’hypnose s’intègre facilement à la kinésithérapie. L’outil peut être utilisé dans une limite de temps satisfaisante (les durées de séances de kinésithérapie étant en moyenne d’une demi-heure) et s’intègre simplement à la séance (les exercices d’hypnose peuvent être réalisés en position assise, debout, en mouvement ou même à quatre pattes lors d’un autre exercice de kinésithérapie). Lors de l’utilisation de l’hypnose avec le patient, l’accent est mis sur la notion d’acquisition de compétence. Le but étant que le patient fasse par la suite de l’autohypnose et qu’il puisse tout seul utiliser l’outil pour augmenter son autonomie. Comme tous les outils de soin utilisé par les soignants il est primordial de se former auprès de professionnels de santé compétents, dans des instituts de formation qui ont une culture du soin et qui adhèrent à une chartre éthique.
Références bibliographiques
Notice n° 1693, créée le 31/10/2017, mise à jour le 11/04/2023 |