CNRD
Centre National Ressources Douleur
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Lu dans la littérature


Type de document : Actes de congrès
Auteur(s) : Cimerman, Patricia
Congrès : Douleur provoquée par les soins - 12ème journée de l'A-CNRD
Date : 12/10/2017
Lieu : Faculté de Médecine des Saint-Pères, Paris

Mots clés : néonatologie / adulte / évaluation de la douleur / accouchement / diabète / Journée / CNRD


Lu dans la littérature

Patricia Cimerman, Odile Perrin, Fréderic Maillard CNRD, Paris (75)

En pédiatrie : Efficacité d’une méthode simple pour recueillir les urines en moins de 5 minutes chez les enfants de 1 à 12 mois.

Il s’agit d’une étude australienne, randomisée ayant pour but de comparer l’efficacité d’une méthode simple (“Quick-Wee” method), stimulation cutanée de la région sus-pubienne à l’aide d’une compresse froide pour un recueil d’urine stérile, à une méthode classique de recueil d’urine chez les enfants âgés de 1à 12 mois dans un service d’urgence.

Le critère principal était l’obtention de l’urine en moins de 5 minutes. Ont été aussi analysés le nombre d’échantillons souillés et la satisfaction des parents et soignants.

Résultats : 344 enfants d’un âge moyen (DS) de 5,4 (3,1) mois ont été inclus, 174 dans le groupe « quick-wee method » et 170 dans le groupe recueil d’urine classique. Vingt-neuf pour cent étaient des garçons. Soixante médecins, 67 infirmières ont inclus un ou plusieurs enfants.

La méthode Quick-Wee a permis d’obtenir de façon significative un échantillon d’urine stérile en moins de 5 minutes, comparée à la méthode standard (31% versus 12%, P<0.001).

Les parents et les soignants étaient significativement plus satisfaits avec la méthode « Quick-Wee »

Il n’y a pas eu de différence significative sur le taux de contamination de l’échantillon d’urine entre les 2 groupes.

Cette méthode non invasive peut être facilement intégrée dans les procédures de recueil d’urine permettant d’épargner douleur et anxiété liées à la pose d’une sonde urinaire ou d’un cathéter sus-pubien.

Références

  • Kaufman J, Fitzpatrick P, Tosif S, Hopper SM, Donath SM, Bryant PA, et al. Faster clean catch urine collection (Quick-Wee method) from infants: randomised controlled trial. Bmj. 2017;357:j1341.
  • Vaughan M. Does lidocaine gel alleviate the pain of bladder catheterization in young children ? A randomized, controlled trial. Pediatrics 2005 ; 116 (4) : 917-20.

Une innovation qui change la vie des patients diabétiques : Le Freestyle libre©

La problématique majeure des patients diabétiques est la nécessité de se piquer le bout du doigt pour mesurer leur glycémie, plusieurs fois par jour, afin d’adapter leur traitement. La douleur engendrée par ce geste, bien que modérée, est de moins en moins supportée du fait de la répétitivité du geste. Depuis des années, plusieurs équipes ont tenté d’améliorer le diamètre des lancettes, le système de mesure afin de réduire la douleur provoquée par ce geste (Fruhstorfer H et al.) L’arrivée du dispositif Freestyle libre© sur le marché va changer le quotidien des patients diabétiques. Il s’agit d’un capteur d’une durée de vie de 14 jours sans calibration permettant de mesurer le taux de glucose en continu par un système flash, évitant ainsi la piqûre pluriquotidienne au bout des doigts (« dextro »). La prise en charge du Freestyle Libre© est réservé « aux patients atteints d’un diabète de type 1 ou de type 2 (adultes et enfants âgés d’au moins 4 ans) traités par insulinothérapie intensifiée (par pompe externe ou ≥ 3 injections par jour) et pratiquant une autosurveillance glycémique pluriquotidienne (≥ 3/j). » Le Freestyle Libre est « réservé aux patients ayant reçu une éducation thérapeutique ainsi qu’une formation spécifique à l’utilisation du système flash d’autosurveillance du glucose interstitiel » leur permettant d’acquérir la maîtrise de l’application du capteur et d’apprendre à interpréter et utiliser les informations fournies par le système pour optimiser leur traitement.

Des études de performance non randomisées ont été réalisées comparant l’exactitude et la précision des valeurs de glycémie entre une mesure classique et celle effectuée avec le Freestyle Libre©.

Deux études randomisées ont permis d’étudier :

  • l’impact à 6 mois de l’utilisation de Freestyle libre© sur le temps passé en hypoglycémie (<70 mg/dl) par rapport à un groupe contrôle pratiquant l’auto-surveillance glycémique capillaire. (étude IMPACT, non publiée)
  • le taux d’HbA1c à 6 mois dans le groupe Freestyle libre© par rapport au groupe contrôle pratiquant l’auto-surveillance glycémique capillaire. (étude REPLACE, non publiée)

Références

  • Rapport d’étude IMPACT “Randomised Controlled Study to Evaluate the impact of novel glucose sensing technology on hypoglycaemia in Type 1 Diabetes”- 25 janvier 2016. [Non publiée]

  • Rapport d’étude REPLACE « Randomised Controlled Study to Evaluate the impact of novel glucose sensing technology on HbA1c in type 2 diabetes” – 23 octobre 2015. [Non publiée]

  • Bailey T., Bode B., Christiansen M., Klaff L., Alva S. et al. The performance and usability of a factory-Calibrate flash glucose monitoring system. Diabetes Technol The. 2015; 17(11).

  • Campbell F, Edge J, Acerini C, Hamilton-Shield J, Moudiotis C, Rahman S, et al., editors. Clinical accuracy evaluation of freestyle libre flash glucose monitoring system when used by children and young people with diabetes. In: DIABETES TECHNOLOGY & THERAPEUTICS; 2016: MARY ANN LIEBERT INC, NEW ROCHELLE, NY

Avis de la Commission Nationale d'Evaluation des Dispositifs Médicaux et des Technologies de Santé (CNEDiMTS) - FREESTYLE LIBRE
Disponible sur : https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2657325/fr/freestyle-libre [consulté le 28/09/2017]

Quelques études qualitatives sur la douleur de l’accouchement

Des événements médiatiques récents ont mis en lumière les violences gynécologiques ou obstétricales vécues par des femmes, qui ont apporté leurs témoignages dans la presse. Dans un article intitulé « Contre les violences gynécologiques, la lutte prend corps » (Libération du 15/08/2017) une femme relate son parcours de parturiente : péridurale très chargée, expression abdominale sans prévenance et paroles menaçantes de la sage-femme, puis épisiotomie avec 10 points de suture. La douleur post-partum est laissée à elle-même avec cette phrase du médecin : "Madame, pour la douleur, il va falloir prendre sur soi !".

Il n’est pas question ici d’entrer dans la polémique qui a surgi d’une déclaration de la Secrétaire d’état en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes. Ni de nier le ressenti et le vécu des nombreuses femmes qui ont rapporté l’expérience de leur accouchement. Mais plutôt de regarder dans la littérature scientifique s’il existe des études qui tentent d’appréhender la réalité de cette expérience. Nous avons trouvé des études qualitatives qui s’appuient sur la phénoménologie, ainsi qu’une Revue internationale des recherches qualitatives sur l’expérience des femmes face à la douleur de l’accouchement.

Deux études australiennes (Jones et al, 2015 et Whitburn et al, 2017), une étude hollandaise (Klomp et al, 2017). La revue réalisée en Grande-Bretagne (Van der Gucht, 2014) porte sur des données de plusieurs pays : Islande Suède Angleterre Finlande Iran, Indonésie, Australie.

L’étude de Jones concernait 19 femmes (primipares et multipares, âge moyen 33,9 ans) sans demande de césarienne, ayant accouché à la maternité d’un grand hôpital, soit dans un centre de naissance dirigé par des sages-femmes (cadre démédicalisé pour les naissances à faibles risques), soit dans un service de suite de couches « classiques ». Les entretiens ont eu lieu dans le mois suivant le travail et la naissance, par téléphone. La chercheuse menant l’entretien était connue des patientes. L’entretien semi-structuré concernait la description des douleurs liées au travail, et le point de vue des femmes sur l’évaluation de la douleur. Aucune différence n’a été constatée dans les réponses en lien avec la parité, ni avec le lieu d’accouchement.
Deux thèmes ont été identifiés : acceptabilité de l’évaluation de la douleur au cours du travail et exactitude de cette évaluation, plus spécialement en lien avec l’existence d’une limite maximale sur l’échelle. La méthode préférée était généralement l’échelle verbale, certaines femmes pensaient pouvoir répondre à l’EVA, mais de nombreuses femmes considéraient l’évaluation comme une interruption. Elles suggéraient que la question de l’évaluation soit posée dans les 24 heures suivant la délivrance. Compte tenu de l’augmentation progressive de la douleur lors du travail, la limite supérieure (=10) ne leur semblait pas adéquate : « on ne sait jamais quel est le maximum «. Conclusion des auteurs : l’expérience de cette douleur est multidimensionnelle, et ses caractéristiques exigeraient une échelle « extensive », ce qui représente un défi pour les chercheurs.

L’étude qualitative de Whitburn portait sur 21 femmes (primipares, âge moyen 29,4 ans) sans demande de césarienne, ayant accouché dans deux grandes maternités australiennes. Les entretiens ont été faits en face à face et via des questionnaires écrits. Cette étude est axée sur le ressenti des femmes et le sens qu’elles donnent à la douleur de l’accouchement. Les auteurs précisent qu’en Australie, 77 % des femmes recourent à des méthodes médicamenteuses (analgésie régionale ou opioïdes systémiques) pour la douleur du travail. Deux entretiens ont été mis en place, l’un avant la naissance pour connaître les pensées et les attentes par rapport à la douleur, et l’un après la naissance, dans les 3 semaines de l’accouchement. L’expérience de l’accouchement était recueillie dans ses aspects sensoriels, affectifs et cognitifs. L’analyse des entretiens a été réalisée à l’aide de l’IPA (analyse phénoménologique interprétative). Le thème général qui est ressorti est le suivant : la femme donne un sens à la douleur de l’accouchement et c’est le sens qui donne forme à l’expérience de la douleur.
Si les émotions et les évaluations cognitives sont positives, le sens de la douleur est productif, elle a un but et les femmes se sentent capables de faire face à la douleur.
Si la douleur est considérée comme une menace, ou comme inutile, les femmes se tournent vers des ressources externes (épidurale par ex.) pour gérer la douleur. Si la progression du travail ou l’intensité de la douleur ne correspond pas à leurs attentes, elles ressentent la douleur comme improductive. A cause de ce décalage entre leurs attentes et leur expérience, elles ne peuvent pas « coopérer » avec la douleur.
L’environnement social (les soignants, les proches, l’équipe hospitalière...) a une influence importante sur la perception de la douleur. Deux situations :
1/ « J’ai mal mais je me sens en sécurité. Je peux faire face » : dans ce contexte, la femme a autour d’elle des soignants ou des proches en qui elle a confiance, qui sont connus d’elle et créent une ambiance calme. Leurs mots peuvent changer le contexte de la douleur et restaurer sa confiance en sa capacité à faire face à la douleur.
2/ « J’ai mal et je ne me sens pas soutenue. J’ai besoin d’aide ». Dans ce contexte, la femme se sent seule et émotionnellement « en danger ». Des personnes étrangères ou non attendues sont présentes, les soignants ont dit quelque chose qui la dérange, etc…
Malgré ses limites (non représentativité démographique), cette étude permet d’approfondir les connaissances sur la douleur de l’accouchement. Elle souligne l’importance de l’entourage empathique de la femme qui accouche, la nécessité de créer des conditions propices à une expérience positive. De plus, ces résultats plaident pour des soins personnalisés, chaque expérience étant unique, et pour une prise en charge humanisée.

Une autre étude qualitative a été réalisée aux Pays-Bas (Klomp et al, 2017) auprès de 17 femmes ayant accouché avec les soins de sages-femmes (à domicile ou à l’hôpital).
Les résultats montrent que ces femmes souhaitaient une participation active à la prise de décision au cours du travail. Elles soulignaient que le soutien continu et efficace de leur sage-femme était primordial, ainsi qu’une réelle préparation à la naissance.

La revue des recherches qualitatives (Van der Gucht, 2015) a retrouvé 10 études dans 7 pays. Les éléments aidants pour faire face à la douleur étaient : 1/ l’importance d’un soutien individualisé et continu donnant un sentiment de sécurité, la qualité des relations avec les professionnels du soin et 2/l’acceptation de la douleur et une perception positive de celle-ci. Ces résultats ne variaient pas en fonction des différences de contexte économique et socio-culturel.

L’ensemble de ces études plaide pour une approche centrée sur la parturiente et pour une prise en charge personnalisée, laissant la place à la fois à la vulnérabilité des femmes lors du travail et à la reprise de contrôle de ce moment de leur vie.

Références

  • Jones LE, Whitburn LY, Davey M-A, Small R. Assessment of pain associated with childbirth: Women׳s perspectives, preferences and solutions. Midwifery. 2015;31(7):708-12.
  • Whitburn LY, Jones LE, Davey MA, Small R. The meaning of labour pain: how the social environment and other contextual factors shape women's experiences. BMC pregnancy and childbirth. 2017;17(1):157.
  • Klomp T, Witteveen AB, de Jonge A, Hutton EK, Lagro-Janssen AL. A qualitative interview study into experiences of management of labor pain among women in midwife-led care in the Netherlands. Journal of psychosomatic obstetrics and gynaecology. 2017;38(2):94-102.
  • Van der Gucht N, Lewis K. Women's experiences of coping with pain during childbirth: a critical review of qualitative research. 2015;31(3):349-58.

Voir aussi



Notice n° 1690, créée le 31/10/2017, mise à jour le 11/04/2023