Panser sans douleur, est-ce possible? Type de document : Actes de congrès Auteur(s) : Philippe, Anne Congrès : Douleur provoquée par les soins - 12ème journée de l'A-CNRD Date : 12/10/2017 Lieu : Faculté de Médecine des Saint-Pères, Paris Mots clés : pansement / douleur provoquée par les soins / plaie aigue / plaie chronique / prise en charge de la douleur / Journée / CNRD Panser sans douleur : est-ce possible ? Anne Philippe, Infirmière consultante Plaies et Cicatrisation, Hôpital Saint Antoine - Paris (75)
La réfection du pansement lors de la prise en charge d’une plaie aiguë ou chronique peut être source de douleurs plus ou moins intenses et engendrer stress et appréhension du soin. Il est donc particulièrement important de savoir évaluer cette douleur, la traiter et plus encore la prévenir. L’analgésie est essentielle (MEOPA, anesthésiques locaux, antalgiques per os) cependant plusieurs facteurs en dehors du traitement antalgique peuvent entrer en jeu et quelques principes de bases sont toujours bons à rappeler. Du plus, depuis plusieurs années les dispositifs médicaux pour la cicatrisation ont nettement évolué prenant bien en compte la peau périphérique qui peut se révéler aussi douloureuse que le lit de la plaie au moment de la réfection. Il est impératif de prévenir et d’informer le patient du soin et de l’installer dans une position confortable, de demander de l’aide. Le binôme ide/aide-soignant à toute son importance, surtout dans des plaies types escarres du sacrum où le patient doit rester dans une position qui n'est pas toujours très confortable et qui doit souvent être maintenu latéralement. Egalement, lever le lit à la hauteur du soignant ne prend que quelques secondes mais peut rendre un geste de détersion plus précis et rapide. Il n’est pas interdit non plus de s’asseoir pour faire un soin. Une fois le contexte environnemental établi, il est primordial de bien évaluer la plaie et d’analyser à chaque réfection de pansement si le dispositif médical appliqué est approprié. Le document de consensus 2004 et revue en 2007 de la World Union of Wound Healing Societies spécifie cette notion très importante d’évaluation du lit de la plaie, mais également de la peau périphérique : un retrait de pansement peut être plus traumatique que le nettoyage de la plaie. Il est donc primordial d’avoir une bonne connaissance des pansements disponibles dans sa structure de soin afin d’établir un protocole approprié. Mais avant toute chose la question indispensable que tout à chacun doit se poser : Quelle est l’étiologie de la plaie ? Par exemple, face à une nécrose du talon : est-ce une escarre ou une plaie artérielle ? Deux étiologies distinctes qui engendrent deux protocoles. Dans le 1er cas, une détersion mécanique et ramollissement de la nécrose si besoin. Dans le 2ème cas, aucune détersion (momification de la nécrose) tant qu’un bilan vasculaire n’a pas été établi.
L’ablation du pansement doit s’effectuer avec précaution et on ne doit pas hésiter à humidifier largement afin de ne pas créer de lésion d’arrachage ; un pansement sec ne se retire jamais d’un seul coup. Le lavage de la plaie peut s’effectuer avec un gant de toilette à usage unique, des compresses aussi, à l’aide d’une seringue pour atteindre les cavités. Ces pansements dit « modernes » permettent également des réfections espacées qui ne sont pas négligeables, et peuvent ainsi diminuer l’appréhension du soin, le principal est de respecter le milieu humide de la plaie. Ils sont donc choisis en fonction de la peau périphérique, de l’exsudat, du lit de la plaie et de la localisation. Il est donc préférable de délaisser les pansements gras à larges mailles au risque d’arracher des bourgeons charnus, de coller à la plaie pour appliquer une interface. Il est en de même pour les pansements à la silicone qui ont apporté un grand confort aux patients réduisant la douleur : ils existent sous forme d’interface, d’hydrocellulaire. Nous verrons d’autres familles au cours de cet exposé. Enfin, n’oublions pas que la parole peut être douloureuse lors de ce soin, il est donc préférable de garder ses réactions ou commentaires face à l’évolution de la plaie comme une odeur très désagréable et de le faire avec ses collègues à l’extérieur de la chambre. En conclusion, le pansement n’est pas donc pas le seul acteur dans la cicatrisation, d'où l'importance de prendre en charge le patient dans sa globalité ; le philosophe Jean Philippe PIERON le résume très bien en une seule phrase «Panser le malade est conditionné par la façon de le penser».
Références bibliographiques - Jousselin C. Le patient douloureux chronique et sa prise en charge. Soins 2017 mai ; 815 : 26-29 - Principles of best pratice : Minimising pain at wound dressing-related procedures. A consensus document. Toronto, Ontario, Canada : ©WoundPedia Inc 2007 - Upton D. Solowiej K. Hender C. Woo K.Y. Stress and pain associate with dressing change in patients with chronic wounds. Journal of wound Care, 2012 feb; 21 n°2: 53-61 - Upton D. Solowiej K.The impact of traumatic vs conventional dressing on pain and stress. . Journal of wound Care, 2012 may; 21 n°5: 209-215 - De La Brière A. Fromantin I. Douleurs et soins de plaies. Soins 2010 octobre ; 749 : 44-46 - Document de référence. La douleur au changement d’un pansement. European Wound - Management Association medical Education Partnership Ltd 2002 - Principles of best pratice : Minimising pain at wound dressing-related procedures. A consensus document. London: MEP Ltd 2004 - Pierron J.P. Les transformations contemporaines de la relation de soins. Soins 2015 juin ; 796 : 35-36 Notice n° 1689, créée le 31/10/2017, mise à jour le 11/04/2023 |