Méthoxyflurane : une antalgie rapide aux urgences Type de document : Actes de congrès Auteur(s) : Maignan, Maxime Congrès : Douleur provoquée par les soins - 12ème journée de l'A-CNRD Date : 12/10/10/2017 Lieu : Faculté de Médecine des Saint-Pères, Paris Mots clés : urgences / traitement médicamenteux / traumatologie / Journée / CNRD Méthoxyflurane : une antalgie rapide aux urgences Dr. Maxime Maignan Urgences SAMU SMUR – CHU Grenoble Alpes
Liens d’intérêt avec cette présentation: expert scientifique sur plusieurs congrès et obtention d’un financement de recherche par Mundipharma qui commercialise le Penthrox (méthoxyflurane) en France
La prévalence de la douleur dans les services d’accueil des urgences est estimée entre 60 et 78%, et constitue le motif principal de recours aux urgences dans près de 50% des cas.(1) Cependant, la sous-utilisation des antalgiques, ou oligo-analgésie concerne près de 50% des patients présentant une douleur, quelle qu’en soit la cause.(1–3) Les barrières à une antalgie efficace sont nombreuses. Il peut exister un défaut de formation, une insuffisance des programmes d’évaluation de la qualité ou, plus simplement, un défaut d’évaluation et de surveillance de la douleur.(4) L’attitude des médecins face aux opioïdes peut également constituer un frein notamment chez certaines populations à risques (personnes âgées, bronchopneumopathie chronique obstructive par exemple). Enfin, la saturation des services d’urgences induit un retard à la prescription des antalgiques.(4) L’utilisation de protocole de prescription d’antalgiques dès l’accueil des urgences permet d’augmenter le pourcentage de patients recevant un antalgique et de diminuer le délai avant analgésie.(5,6) De tels protocoles reposent habituellement sur l’administration orale d’antalgiques à libération rapide afin de ne pas recourir d’emblée à la voie intraveineuse.(6) Néanmoins, l’efficacité des analgésiques administrés par voie orale n’est observable qu’après au minimum 30 minutes.(5,6) Ainsi, une proportion non négligeable de patients traumatisés ne bénéficie pas d’une antalgie rapide et efficace.(7) Le méthoxyflurane est un éther halogéné développé dans les années 1960 pour l’anesthésie. Son utilisation aux doses anesthésiques a rapidement été abandonnée du fait d’une importante et fréquente néphrototoxicité.(8) Néanmoins, du fait de propriétés analgésiques, l’utilisation du méthoxyflurane a perduré dans certains pays, à des doses moindres et des durées limitées d’administration.(9) Les propriétés analgésiques du méthoxyflurane seraient liées au système GABAergique. Chez l’humain, 50 à 75% du méthoxyflurane absorbé est considéré comme métabolisé, par défluoration et déméthylation oxydative. Une partie du méthoxyflurane a un métabolisme hépatique faisant intervenir le cytochrome P450, ce qui n’exclut pas la possibilité d’interactions génotypiques et phénotypiques dans l’efficacité et les effets secondaires de la molécule. Les métabolites formés sont excrétés dans les urines.(10) L’efficacité analgésique du méthoxyflurane a été démontrée dans l’étude STOP! (9) L’administration de méthoxyflurane aux urgences permet une analgésie dès les cinq premières minutes (-23,1 mm sur l’EVA), avec un délai d’action médian de 4 minutes et un moindre recours à d’autres thérapeutiques antalgiques. L’efficacité maximale est observée à 15min. La durée d’action varie de 30min à une heure selon que le patient inhale le méthoxyflurane de façon intermittente ou continue (auto-titration). Les effets secondaires du méthoxyflurane aux doses analgésiques sont mineurs : somnolence, de céphalées ou de vertiges.(8) Il existe moins d’épisodes hypotensifs avec le méthoxyflurane qu’avec le fentanyl par voie intranasale.(8) Dans une revue récente de la littérature,(10) aucune néphrotoxicité du méthoxyflurane n’était mise en évidence aux doses et aux durées d’exposition utilisées pour l’antalgie. Les propriétés du méthoxyflurane font de ce gaz un candidat particulièrement intéressant pour une analgésie multimodale aux urgences. Dans notre centre, nous avons ainsi inclus le méthoxyflurane en association avec le paracétamol et la morphine orale pour le traitement dès l’admission des patients adultes traumatisés. Nous avons observé les 26 premiers patients ayant reçu ce protocole (18 hommes, âge médian 39 [24-53] ans). Le protocole d’analgésie multimodale permettait une réduction de 4 [2-6] points de l’EVA à 15 min (p<0,001). L’EVA restait stable ensuite jusqu’à une heure. L’EVA augmentait de 0,5 [0-1] points lors de la réalisation de radiologie dans la première heure (p=0,2). Aucun effet secondaire grave n’était observé. Ces résultats sont bien entendu à confirmer sur une plus grande population.
Références
Notice n° 1688, créée le 31/10/2017, mise à jour le 11/04/2023 |